Le mercredi 23 juil 2008
Les outardes prennent racine
Charles Thériault
LeDroit
Pendant qu’on cherche des solutions au problème de la pollution des plages de la région, on laisse des centaines de bernaches se promener librement dans nos parcs urbains et près de nos plages, où le sol est pourtant recouvert d’excréments de ces grands oiseaux.
Lors d’une tournée des parcs et des plages d’Ottawa et de Gatineau hier matin, le journaliste du Droit a recensé plus de 400 bernaches du Canada (communément appelées outardes), principalement à Ottawa mais aussi à Gatineau.
À chaque endroit où l’on retrouve ces outardes, le sol ainsi que l’asphalte des pistes cyclables, est recouvert d’excréments de couleur vert foncé. Exception faite du parc Moussette, où les déjections sont ramassées, personne ne semble s’en soucier. Les bernaches sont tellement habituées aux humains qu’elles ne s’enfuient pas lorsque des piétons ou des cyclistes s’approchent d’elles.
On en voit à plusieurs endroits le long de la rivière des Outaouais, entre le Musée canadien de la guerre et le pont Champlain.
Golf
D’autres sont présentes près de la plage Westboro et on en a compté plus de 80 au parc Andrew-Haydon de Nepean. Sur la rive québécoise, un préposé à l’entretien du club de golf du Château Cartier a mentionné qu’il y en a entre 500 et 1000 sur le terrain.
Au parc Moussette, les outardes sont présentes aussi et il y en avait une soixantaine au parc Jacques-Cartier lors du passage du journaliste du Droit.
Sous-espèce différente
Les bernaches qui vivent en permanence dans les parcs de la région sont différentes de celles que l’on aperçoit au Parc National de Plaisance à la fin d’avril, lors des grandes migrations, a expliqué Daniel Toussaint, biologiste au ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec.
« Ces bernaches sont de la sous-espèce maxima alors que les oiseaux qui migrent et passent par Plaisance sont de la sous-espèce interior. Les maxima proviennent de populations élevées en captivité dans le Mid-West des États -Unis et relâchées dans la nature. Elles sont parfaitement acclimatées à la présence des humains et elles trouvent leur nourriture dans les parcs urbains, où il y a beaucoup de gazon. Les troupeaux ont grossi et se sont fractionnés et ils se sont déplacés vers le nord graduellement. Ici, on en a depuis une quinzaine d’années. On les appelle aussi les bernaches résidentes », a déclaré M. Toussaint.
Ces outardes ne migrent donc pas et restent ici presque en permanence mais il y en a moins en hiver car elles se déplacent un peu vers le sud de l’Ontario pour trouver des lacs non gelés.
Comment les contrôler ?
Peut-on contrôler ou même éliminer ces oiseaux qui polluent les parcs ? Sur son site Internet, le Service canadien de la faune explique qu’il ne faut jamais les nourrir et qu’on peut rendre l’environnement moins attrayant pour les bernaches en réduisant la surface de gazon.
La bernache n’aime pas l’herbe longue, alors nos grands parcs gazonnés et nos terrains de golf sont de véritables paradis pour elle. De plus, des clôtures bloquant l’accès à l’eau rendent les terrains moins attrayants pour ces grands oiseaux.
Il faut aussi les déranger en faisant du bruit ou tout simplement en laissant les chiens se promener afin que les oiseaux les prennent pour des prédateurs.
L’une des méthodes consiste à verser de l’huile minérale sur les œufs afin d’empêcher la reproduction. Toutefois, cette façon de faire n’a pas d’effet à court terme puisque les oiseaux vivent de 10 à 15 ans.
En dernier recours, les armes à feu peuvent être utilisées mais en milieu urbain c’est interdit. Le Service canadien de la faune peut émettre des permis pour éliminer les bernaches dans des cas extrêmes.