Des nouvelles pas terrible
Bonjour,
Notre équipe est de retour de Bylot depuis une semaine déjà. La dernière
activité importante de la saison, soit le baguage des oies, a encore été un
succès cette année. L'équipe a réussi à baguer plus de 4600 oies. Nous avons
aussi recapturé un nombre record de jeunes avec des web-tags (275). À ce
total s'ajoute la recapture de près de 400 adultes déjà marqués.
Il y a eu cependant une surprise, soit la faible densité de familles pendant
le baguage. En effet, pour atteindre ce nombre d'oiseaux bagués, l'équipe a
du couvrir beaucoup plus de terrain sur l'île qu'à l'habitude et étendre
considérablement la zone de baguage des oies. De plus, le ratio
jeunes:adultes dans nos captures a été de seulement 0.74 comparé à 1.03 l'an
pasé (moyenne à long-terme: 1.05). Les conditions durant l'élevage des
jeunes ont été assez favorables donc ce n'est probablement pas là la cause
de cette faible productivité. Dans mes messages précédents, je vous avais
souligné que la densité d'oies sur les sites de nidification était plus
faible que l'an passé, possiblement à cause de la neige persistente dans
certaines parties de la colonie en juin. J'avais alors indiqué que la
production s'annonçait sous la moyenne mais probablement comparable à l'an
passé. Cependant, les observations réalisées durant le baguage des oies nous
forcent à réviser à la baisse cette prédiction. Il semble donc que nous
avions sur-estimé l'effort de reproduction des oies plus tôt en saison.
Basé sur le ratio jeunes:adultes dans nos captures, on peut avancer un
chiffre pour le pourcentage de jeunes cet automne de l'ordre de 10-11%, ce
qui est considérablement plus faible que l'an passé (21%). Ce chiffre serait
le plus faible depuis 2002 (6% cette année là). On consière généralement une
année où le % de jeunes est inférieur à 10% comme une année d'échec de
reproduction. On pourrait donc être prêt de ce seuil cette année.
Je vous rappelle en terminant que ces observations proviennent d'une seule
des colonies de la grande oie des neiges et que nous ne connaissons pas les
conditions qui ont prévalues aux autres colonies. Compte tenu qu'un élément
frappant cette année a été la grande variabilité spatiale dans l'enneigement
des sites de nidification des oies à l'île Bylot au printemps, il n'est pas
exclu que d'autres sites aient pu avoir de meilleures conditions que Bylot.
Cependant, il serait étonnant que ceci soit suffisant pour faire bouger
beaucoup le chiffre final de productivité des oies cette année.
Gilles Gauthier
Département de biologie & Centre d'études nordiques
Pavillon Vachon
Université Laval