Un ami m'a transféré ça tantôt... C'est de bonnes nouvelles...
Bonjour,
Je suis de retour de l’Île Bylot depuis quelques jours. Je vous ramène donc quelques nouvelles fraîches de cette région. Côté météo, nous avons jusqu’à maintenant un été assez chaud et sec, un peu à l’image de l’été dans le sud du Québec. Cela ressemble assez aux 2 derniers été qui ont été les 2 étés les plus chauds des 20 dernières années à l’île Bylot.
Tel que les messages précédents le laissaient entrevoir, les conditions de reproduction des oies à l’île Bylot sont très bonnes cette année.
Contrairement à l’année dernière, l’accumulation de neige au sol était un peu sous la normale à notre arrivée en mai et la fonte a été assez rapide au début juin, avec peu de précipitation. Des conditions chaudes et sèches ont continué de prévaloir jusqu’à mon départ à la mi-juillet. L’arrivée des oies s’est faite à des dates normales et à leur arrivée, beaucoup de sites de nidification étaient déjà dégagés. L’effort de reproduction des oies (mesuré par la densité de nids dans la colonie) est donc assez élevé et plus fort que l’an dernier. La date moyenne de ponte des oies cette année a été le 13 juin, très semblable à la moyenne à long-terme (12 juin), tout comme la taille de ponte à 3.8 cette année (3.7 est la moyenne à long-terme).
La plus grosse surprise est que le fort pic d’abondance de lemmings que nous avons eu en 2010 s’est poursuivi en 2011, ce qui est inhabituel. En effet, c’est la première fois en 20 ans qu’un pic d’abondance de lemmings, qui survient normalement à tous les 3 à 4 ans, dure plus d’un an. Cela entraine une forte reproduction par les prédateurs comme les renards (on a un nombre record de tanières de renards avec jeunes cette année), les labbes, les goélands et les buses. Toutefois, pour une raison qu’on explique mal, on a aucune reproduction de harfangs à l’île Bylot cette année. Malgré cette abondance de prédateurs, le taux de prédation sur les nids d’oies est très faible à cause de la très forte abondance de lemmings, leur proie principale. Ainsi, à l’éclosion, près de 90% des 350 nids d’oies qu’on avait recensé étaient encore actifs, une des plus fortes valeurs qu’on ait jamais observée (la moyenne à long-terme de succès de nidification est de 66%). Des rapports en provenance d’autres sites semblent indiquer que le pic d’abondance de lemmings observé à Bylot pourrait être assez généralisé dans l’est de l’Arctique cette année ce qui suggère que le succès de reproduction des oies pourrait être bon à travers une bonne partie de leur aire de reproduction.
Quand je suis parti, l’éclosion tirait à sa fin et grâce au beau temps, on peut présumer que la survie des jeunes durant les premiers jours a été bonne.
Sur la base de ces observations, il semble donc que la production des oies cette année pourrait être très bonne et probablement au-dessus de la moyenne.
La dernière étape de la saison sera le baguage des oies à la mi-août. Cette activité devrait nous permettre d’avoir une meilleure idée de la production attendue pour cet automne. Je devrais avoir ces informations à la fin août.
Gilles Gauthier
Département de biologie & Centre d'études nordiques
Pavillon Vachon
1045 avenue de la Medecine
Université Laval