La saison de terrain 2012 est maintenant terminée à la station de l’Île Bylot. Le baguage des oies des neiges s’est déroulée du 5 au 16 août. Contrairement à l’année passée, l’activité a été beaucoup moins fructueuse en 2012. En effet, le temps gris et pluvieux qui a prévalu cet été s’est poursuivi en août et a même empiré. Brouillard et pluie ont persisté presqu’à tous les jours rendant les activités de baguage difficile à effectuer. L’été à l’Île Bylot cette année n’a vraiment rien eu à voir avec ce qu’on a connu au sud du Québec.
L’abondance des oies dans la zone habituelle de baguage était modérée cette année et les groupes plutôt petits. L’équipe de baguage dirigé par Marie-Christine et Josée Lefebvre ont néanmoins réussi à marquer 2562 oies en 9 captures. Bien que ce nombre soit plus faible que les 3000 à 4000 que nous marquons habituellement, c’est un très bon résultat considérant les conditions météo difficiles durant lesquelles l’activité s’est déroulée. Parmi ce nombre, 340 femelles adultes ont été marqués avec un collier et 45 jeunes marqués avec des web-tags à l’éclosion ont été recapturés.
La compilation finale n’est pas encore complétée mais sur la base des chiffres que j’ai jusqu’à maintenant, le ratio jeunes:adultes dans nos captures n’était que de 0.92 cette année, soit beaucoup plus bas que l’an passé (1.19) et plus bas que la moyenne à long-terme (1.03). Ce ratio jeunes:adultes permet de prédire un pourcentage de jeunes dans la volée pour cet automne de 18% tout au plus, soit une valeur inférieure à l’an passé où la production de jeunes avait été très bonne (28%). Malgré un bon effort de reproduction des oies en début de saison, la forte prédation sur les œufs par les renards et probablement aussi sur les jeunes dont j’ai parlé dans mes précédents messages combinée aux conditions climatiques difficiles qui ont pu affecter négativement la survie des jeunes ont contribué à réduire la production de jeunes cette année.
Évidemment, l’Île Bylot n’est qu’un des sites de reproduction des oies des neiges dans l’Arctique et parfois les conditions de nidification varient selon les sites. Toutefois, les conditions météo que nous avons eu à l’Île Bylot semblent avoir prévalues pour une bonne partie de l’est de l’Arctique canadien cette année. De plus, la survie des jeunes peut encore être affectée par les conditions qu’ils vont rencontrer durant la migration avant leur arrivée sous notre latitude.
En résumé, on s’attend donc à une production plutôt modeste cette année mais quand même pas catastrophique (on a déjà connu des années pire encore). On saura dans quelques semaines si notre prédiction est exacte!
Source: Gilles Gauthier
Département de biologie & Centre d'études nordiques