LA PROSPECT
J’étais à ma troisième saison déjà et, contrairement aux autres années, j’étais bien résolu à récolté mon tom.
Pour y parvenir, j’avais entrepris de faire une prospection qui vaille. Ma tournée des anciennes permissions m’a mené tout droit sur un gobler gigantesque. Ouf!!! Les papillons dans le chest, je pars sur un skid pour aller jaser avec le fermier. Arrivé sur place, je n’ai pas le temps de dire le mot « dindon » qu’il me dit avoir donné la permission au garçon du voisin. Merde de merde!!! Ça pis un poignard dans le dos, ça doit « chatouiller » à peu près pareille.
Le caquet bas, je reprends la route vers un de mes territoires à outardes. REBINGO!!! Une dizaine de taches noires paradent dans le fond d’un champ. Les jumelles me permettent de distinguer trois mâles bien déployé. Yes!!! Encore mieux.
Pas besoin de vous dire que les quételles mon pogné à l’idée de me faire dire NON à nouveau. Soit, je me ressaisi et je me rends rapidos chez le proprio qui s’affaire dans sa grange. Rien à mon épreuve, je n’hésite pas à patauger dans la marde pour rejoindre mon « sauveur ». Fiou, TANKS GOD!!! Il est en mesure de me rassurer rapidement.
Permission accordée, je retourne voir mes « victimes » avec toutes sortes de beaux projets pour eux. Après m’être assuré de leurs départs, j’en ai profité pour aller préparer mon post d’affût (débroussaillage, nettoyage, couvert et lignes de tirs). Quel sentiment de confiance j’avais en repartant… Plus qu’une semaine à rêvasser en attendant l’ouverture.
L’ATTENTE DU JOUR « J »
La veille au matin, j’entreprends ma dernière journée de travaille avec une seule chose en tête. Non non, ce n’était pas le travaille… Je me voyais déjà avec un TOM énorme. J’allais être enfin libéré du syndrome du bredouille.
Oups!!!, Le téléphone sonne…
- « M. Carrieeeer…??? » « Connais pas… »
- « Oui, oui, le monsieur qu t’a rencontré d’in étabe. J’ai mon woisin qui dit qui chasse e l’dindons que t’as vu l’ote jour. Y préfèrerait que tu ne les chasses pas. Tata et ti tita… »
- « Vous êtes pas sérieux!!! Pas vrai??? » « … »
Bref, vous comprenez que mon chien était mort. Pas la peine de me montrer intrusif. Le monsieur préfère garder les bonnes grâces d’un voisin plutôt que d’un inconnu. Facile à comprendre. Puisqu’il me garantissait encore l’exclusivité de ses terres pour la sauvagine, je n’allais pas risqué de perdre le kit au grand complet.
PÉRIODE DÉPRESSIVE
Bon bin… À l’aube de l’ouverture, une telle nouvelle me laissait comprendre que j’allais passer la fin de semaine à me morfondre et vivre un deuil. Snif, snif!!!
Une semaine passe et les blues sont toujours là. Une semaine à lire les histoires de chasse des %#!*/ &… de fend … J’exagère à peine. Non mais, j’avais de la misère à ne pas sentir un petit pincement au cœur à l’idée d’être exclus de ces succès de chasse.
LA RENAISSENCE
L’idée d’être confronté à cette impasse me hantait trop et il n’en fallait pas plus pour rallumer la flamme de l’espoir. Sachant que j’allais retourner en territoire giboyeux pour la fête des mères, je me suis promis de reconsacrer une dernière matinée à de la prospection. Ça passerait ou ça casserait…
Oups!!! Vous ai-je dis que je me suis fait volé dans le pick-uk la semaine précédente? Bin oui…Be oui. Et devinez ce que l’enfant de ch… a pris avec lui? Be oui, ma veste à dindon avec tout le bataclan dedans (cartouches, slate, stick, box, mouth call, couteaux, etc.). Heureusement que j’avais quelques babioles en doubles et mes decoys à la maison. La chose la plus insécurisante était de devoir me contenter de veilles cartouches à petits gibiers (2 ¾ no #7 ½). Metton que j’étais « amanché pour chier deboute » mais bon…
Quand un gars ne veut pas lâcher le morceau…
Sur le chemin de l’ultime reconnaissance, aucun « éventail » en vue. C’est à croire que la chasse de la semaine précédente a été un vrai carnage. Bon bin là, il faut peut-être savoir s’arrêter quand les choses s’apparentent à de l’acharnement. Un gars doit se rendre à l’évidence…
Piteux de n’avoir rien trouvé, je m’arrête discuter avec un oncle question de me défouler. L’air surpris, il me demande pour quelle raison je ne suis pas allé du côté de ses terres. À ma connaissance, ces domaines étaient dénudés de prairie mais il me corrige aussi tôt. Ces derniers recèlent de plusieurs champs intérieurs. Ni un ni deux, je lui pète un burn en plaine face pour voir de visu.
Engagé sur ces terres promises, je suis subjugué par autant de beauté. Des prairies carrément luxuriantes. Elles étaient d’un vert pur et en plein milieu de nulle part SVP. Comble du bonheur, il me suffit que de quelques pas pour desceller la présence de dindes. Le rêve quoi.
Le lendemain matin, je me devais d’être là bien que j’avais booké un resto pour 9h30. Fête des mères oblige. Il me restait tout de même un 4 heures de chasse en poche et je comptais bien en profiter.
LE VRAI JOUR « J »
Le lendemain, la levée du corps ne s’est pas fait prier et la demi-heure qui me séparait de mon poste m’a parue à peine 5 minutes. J’avais carrément la patate dans le tapis. 4h15 et les lueurs du jour étaient déjà apparentes. Pas de niaisage! En marche rapide, je frôle pratiquement la crise cardiaque pour être au spot à temps.
Maintenant que les decoys sont plantés, je m’installe bien calé dans une pointe d’arbres. Je n’y croyais pratiquement pas. « J’étais enfin à la chasse au dindon». Pour en ajouter, j’avais le privilège d’être abouti dans une espèce de « cache naturelle ». Un énorme tronc me servait d’écran et d’appuis alors que des rondins me servaient de dossier. Le gros lux quoi.
LA CHASSE
Au départ, l’attente fût tranquille et le « cognage de clou » m’a fait perdre quelques bouts. Puis, le temps s’est rapidement écoulé me rappelant trop bien le deadline.
Plus qu’une demi-heure avant le last call. Je décide alors d’ouvrir la machine. De simulations sonores timides, je passe à un niveau plus agressif. Fuck les fausses notes. Shuttt!!! Je rêve ou quoi??? Des glouglous se font enfin entendre à ma gauche.
Yaille yaille! Je mets le « marteau » de côté. Plus question de sommeiller. C’est du sérieux.
Je reprends le call de plus belle et ça répond en face de moi. Quelques réponses de ma part et les glouglous sont maintenant à 10h00 de ma position. Ça y a est, il me contourne par l’avant. Puis, je le vois enfin. Il est tout près (50 pieds max). Je le pensais en train de mon contourner dans le bois mais il le faisait plutôt à même le champ alors qu’il était caché par les valons de la prairie. Good! C’est le buck fever instantané. Il est tellement proche que je peux envisager le tir. Puisque qu’il est concentré à faire le paon et qu’il a le cou bien en vue je presse la détente. Merde, l’index ne veut pas plier… J’enlève le cran et la poussée est maintenant la bonne. Mon offrande se couche au sol comme par enchantement.
Quel soulagement!!! Trop beau pour être vrai. C’en était fait. Autant d’embuches et voilà que je récolte mon premier dindon à vie. J’allais pouvoir partir à temps pour mon brunch de la fête des mères. L’esprit libéré, j’allais pouvoir profiter du temps passé avec mes femmes de vie.
Quelle saison!!! Excusez pour le roman mais il fallait que ça sorte.
PS: Un merci particulier à DUCKÉKEL pour son box call. Il m’a sauvé la mise celui-là.
Un Jake très satisfesant : Près de 20 livres, 4 pouces de barbes et des ergots en formation.