La chasse de conservation printanière des oies blanches — qui a repris en avril 1999, après une interdiction de 83 ans — aura encore lieu en avril 2006 pour le septième printemps de suite. Le Service canadien de la faune (SCF – Environnement Canada) croit que la population des oies est encore à un niveau trop élevé, ce qui risque de causer un désastre écologique, et il appelle les chasseurs à la rescousse.
Les scientifiques du Canada et des États-Unis jugent que les chasseurs d’oiseaux migrateurs constituent des outils de gestion essentiels pour empêcher l’explosion de la population d’oies, en maintenant la population de ces magnifiques oiseaux migrateurs à un niveau correspondant à la capacité de support de l’environnement. Au printemps 2005, avant que les oies migrent vers le Grand-Nord pour s’y reproduire, les scientifiques ont dénombré environ 815 000 oies.
Selon ces scientifiques, le nombre idéal d’oies devrait se situer entre 500 000 et 750 000 pour protéger l’environnement dans les aires de nidification situées dans l’Arctique et dans les aires d’hivernement situées sur la côte atlantique des États-Unis. S’il y a trop d’oies, la nourriture viendra à leur manquer : les oiseaux seront alors affaiblis, et c’est à ce moment que les maladies risqueront d’éclater et de se transmettre rapidement dans le troupeau, ce qui pourrait provoquer la disparition de la presque totalité des oies.
Durant l’automne dernier, lors de la migration des oies blanches vers le sud, le nombre d’oies dépassait le million ! Ce qui est trop pour l’environnement et ce qui est dangereux pour les oiseaux.
Pas assez de chasseurs
C’est quand même un nombre limité de sauvaginiers — c’est-à-dire de chasseurs d’oiseaux migrateurs — qui s’adonnent à la récolte des oies blanches durant le printemps : 4000 personnes récoltent environ 35 000 oies, particulièrement dans la grande région de Québec et dans certaines portions de l’Est de la province.
Pourquoi un contigent si faible de sauvaginiers partipant à la chasse printanière des oies ? Parce que plusieurs chasseurs intéressés ne peuvent trouver un territoire libre où chasser ! Et parce qu’il est plus difficile de chasser les oies dans les champs privés, au lieu de les chasser à partir de caches établies sur les battures et dans les marais du Saint-Laurent. Le SCF ne permet que la chasse dans les champs cultivés, à la demande... d’ornithologues désireux d’observer les oies sur des battures et dans des marais très accessibles.
D’ailleurs, l’Association québécoise des groupes d’ornithologues a été le seul groupement à s’opposer à la poursuite de la chasse printanière des oies blanches au Québec, lors de la rencontre, à la mi-septembre, du Comité de gestion intégrée de la grande oie des neiges.
L’AQGO prétend que la chasse printanière fait fuir les oies de Baie-du-Febvre, au sud du lac Saint-Pierre, où se réunissent des observateurs. Plusieurs participants à la réunion, dont des scientifiques très avisés, ont tenté de faire comprendre à l’AQGO que ce sont d’autres facteurs qui poussent les oies à quitter rapidement la région de Baie-du-Febvre pour se disperser dans d’autres régions du Québec. Mais L’AQGO n’en démord pas... sans vouloir admettre que son opposition irraisonnée à la chasse printanière des oies blanches coûte une fortune à la société, donc à tous les contribuables du pays.
De lourds dommages
Selon l’Union des producteurs agricoles (UPA), les chasseurs sont en bien trop petit nombre, de sorte que de nombreux cultivateurs voient annuellement leurs récoltes subir de lourds dommages à cause de la présence des oies dans les champs cultivés.
Pour compenser leurs pertes, la Financière agricole a versé, seulement en 2005, 583 000 $ en indemnités aux cultivateurs. Les dirigeants de l’UPA verraient d’un très bon œil une meilleure collaboration entre les sauvaginiers et les producteurs agricoles, afin de limiter les efforts d’effarouchement des oiseaux migrateurs, qui coûtent cher : durant le printemps 2005, il en a coûté 159 000 $ pour procéder à 5350 interventions d’effarouchement des oies dans les champs cultivés.
La Fédération québécoise de la faune (FQF) — principal porte-parole des chasseurs avec plus de 150 000 membres réunis par environ 200 associations — considère qu’il est primordial de maintenir chaque année une chasse printanière de conservation des oies blanches, qui s’est avérée un outil essentiel de gestion du nombre d’oies.
« L’interruption pendant une seule année de ce créneau de chasse risque de provoquer cette disparition définitive (des sauvaginiers outils de gestion), en poussant les adeptes vers d’autres types de chasse, voire vers d’autres activités. Advenant une nouvelle explosion de la population des oies, les chasseurs ne seront plus disponibles pour venir à la rescousses des gestionnaires de ce gibier », souligne la FQF avec justesse.