Le tout commence au début septembre 1976 avec le ''fauchage'' de la mare. 3 semaines plus tard c'est le grand jour. Je me souviens, au collège regardant les minutes qui s'écoulent lentement sur l'horloge... je n'en peux plus,enfin la cloche sonne à l'heure du vendredi midi. Mon père m'attend dans le stationnement. C'est le grand départ !
Arrivés chez mon oncle à St-Anne de Sorel nous faisons les derniers préparatifs. Nous nous dirigeons vers la baie de l'ile de Grâce pour faire les dernières vérifications dans les mares. Dans la pince de la chaloupe le labrador de mon oncle '' Padday'' hume la brise fraîche qui vient du lac. Le soir venu, c'est le '' party '' dans le chalet, la Labatt 50 et le gin/miel à l'eau chaude sont à l'honneur. La lune éclaire le chalet et c'est le temps de dormir... dans le grenier avec des couvertures de laine qui piquent la peau.
Aussitôt couchés, mon oncle décide de faire cuire du '' steak'' et des oignons. L'odeur est difficile à supporter dans le grenier... ce n'est pas grave...C' est l' ouverture !
Enfin, le cadran sonne à 3 :30 AM du matin. Allez vite ! Les fusils, le lunch, c'est un départ. Les chaloupes Starcraft tirent des petites embarcations en bois qui serviront à accéder aux marais dans la baie. Les 4 hp '' Johnson'' anti-joncs sont prêts à l'action.
Mon oncle tousse dans les joncs ( les cigarettes Dumaurier et le gin en sont pour quelque chose).
Arrivé à la mare, nous installons un '' mixte'' de canards de bois et plastiques. Nous entrons dans la cache de branches de saule et c'est l'attente. Mon père me donne mon fusil de calibre 12 un coup et une boîte de Winchester Super X.
Lors de l'attente, le labrador est heureux...c'est vraiment Nöel pour lui... Il est prêt.
Les premières sarcelles arrivent dans le '' Plan''. Coup feu après coup feu les canard tombent. C' est le '' Vietnam dans les îles''.
La limite atteinte,nous retournons au chalet. C'est le temps des comptes rendus.. l'information circule vite dans les îles... tout le monde veut connaître les résultats des autres.
Après avoir tiré des dizaines de coups de fusils je ne sens plus mon épaule. Un sauvaginier est né dans la plus pure tradition des îles. Le soir venu ,je m'endors au plus vite pour être prêt pour la chasse du lendemain matin.