« Tous contre un registre québécois des armes à feu »
Un mouvement victime de sa popularité.
(Montréal, 26 février 2013) – Le défi était immense mais la volonté d’une poignée de bénévoles l’était tout autant. Dans l’allée étroite du Salon Expert Chasse et Pêche de Montréal où circulait une foule dense de peut-être 50 à 60 personnes chaque minute, la petite équipe de bénévoles du mouvement peinait à répondre aux questions d’un public intéressé et désireux de signer la pétition lancée quelques jours auparavant et demandant le retrait du projet de loi 20. Pour chaque personne qui signait la pétition en échangeant les bons mots d’usage, ce sont peut-être trois, quatre ou dix « clients » qui n’étaient pas servis.
Le mouvement « Tous contre un registre québécois des armes à feu » est en voie de réussir ce qu’aucun autre mouvement, reconnu ou pas, n’a réussi à accomplir : réunir sous un même toit une communauté de 500,000 utilisateurs d’armes à feu et près de quatre fois ce nombre de sympathisants contre ce qu’ils considèrent comme une injustice fondamentale à leur endroit : le projet de loi 20, déposé mardi dernier par le ministre de la Sécurité publique du Québec, qui prévoit la création éventuelle d’un nouveau registre québécois des armes à feu, et lequel contiendrait son lot de mesures contraignantes et injustifiées.
En réponse à cette menace, le mouvement, qui attire à chaque nouvelle publication un nouveau sympathisant toutes les dix ou quinze minutes et rejoint dorénavant plus de 60,000 personnes en permanence via sa page Facebook, s’est récemment affilié à l’Association canadienne pour les armes à feu pour obtenir de l’aide au niveau logistique. Les objectifs du mouvement sont on ne peut plus clairs : faire reculer le gouvernement sur le projet de loi 20, déposé à l’assemblée nationale le 19 février dernier. Selon Shawn Bevins, porte-parole du mouvement, « Il nous apparait que certaines des mesures prévues au projet de loi 20 imposent des contraintes abusives et déraisonnables, du point de vue légal. ».
Si la stratégie de ce mouvement est claire dans la tête de ses organisateurs, il en reste que de caresser de telles ambitions exige de la disponibilité, beaucoup de soldats et, suivant les actions à entreprendre, un talent immense à évoluer en mode multi-tasking. Le mouvement doit savoir gérer adroitement la pression et les innombrables suggestions de ses supporteurs et éviter de s’enliser dans la micro-gestion. Rien ne doit échapper à cette petite équipe, qui est toujours en recrutement, de 6 bénévoles et de 18 agents régionaux. Pour atteindre ses objectifs, d’autres gens déterminés et compétents de partout doivent se greffer à l’équipe.
Une stratégie à plusieurs niveaux
Le mouvement « Tous contre un registre québécois des armes à feu » dit avoir plusieurs tours dans son sac et croit être en mesure de prendre les politiciens à leur propre jeu. Selon son porte-parole, «Le gouvernement a fait plusieurs erreurs monumentales en se précipitant pour déposer ce projet de loi burlesque. Un, il n’a pas évalué qu’en plus des 500,000 propriétaires d’armes à feu, il s’attaquait aussi à près de 40% de la population, soucieuse de préserver nos traditions de la chasse, du tir et de liberté individuelle. Deux, le projet a été déposé tout juste la veille de l’ouverture de la « saison des salons » qui s’étend de février à mai et pendant laquelle tous les chasseurs du Québec, qui comptent pour la majorité des propriétaires d’armes, ont tout le loisir de se regrouper, de se parler, et de se motiver les uns les autres. »
« Nous tenons à capitaliser sur ces avantages sur le terrain. Nous voulons rejoindre tout le monde de tous les villages du Québec, et réussir à créer un mouvement qui sera incontournable. Mais malgré les pressions de nos supporteurs enthousiastes qui nous inondent de questions, il est clair que nous ne pouvons pas dévoiler les points forts de notre stratégie politique. Nous voulons miser sur l’effet de surprise », conclut le porte-parole. « Mais chose certaine, nous réussissons un peu plus à chaque jour à prendre notre place sur la tribune médiatique et nous pouvons déjà sentir une certaine ouverture de la part de certains médias. La désinformation a duré pendant 23 ans. C’est à notre tour de dire les vraies affaires. »
Mais un plus un faisant deux, il est clair que le mouvement a le vœu de faire valoir l’immense pouvoir politique qu’il détient potentiellement dans les régions rurales, où la population est majoritairement en défaveur d’un registre, et dans les régions semi-urbaines. Quand on sait que certains députés ont obtenu leurs postes que par de maigres majorité, le mouvement « Tous contre un registre québécois des armes à feu » pourrait être en mesure de provoquer une véritable chaise musicale à la prochaine élection.
À noter, une pétition pour le retrait du projet de loi 20 a été lancée sur le web et une version papier circule actuellement dans tous les coins du Québec. Le mouvement a le vœu d’en faire la plus importante pétition jamais rassemblée dans l’histoire du Québec.
Si le mouvement « Tous contre un registre québécois des armes à feu » est encore modeste du point de vue opérationnel, il possède néanmoins un noyau coriace de gens déterminés. Il ne reste plus que la couche de citoyens qui le supporte s’implique aussi dans l’action.
https://www.facebook.com/TousContreUnRegistreQuebecoisDesArmesAFeu Luc Lapierre
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