Source: Gilles Gauthier.
La saison de terrain 2013 est maintenant terminée à la station de l’Île Bylot. La dernière activité importante de la saison, soit le baguage des oies des neiges, a eu lieu du 5 au 13 août et s’est très bien déroulée cette année. Le mois d’août a offert à note équipe un heureux contraste avec le mois de juillet qui avait été assez humide et froid. En effet, le soleil a brillé durant toute la période du baguage des oies et des températures chaudes (pour la latitude!) ont prévalu durant cette période. Le résultat et que l’équipe a pu baguer les oies de façon continue pendant 9 jours (ce qui est très rate!). Au final, c’est plus de 4850 nouvelles oies qui ont été bagués, un nombre très élevé. Parmi ce nombre, près de 600 femelles adultes ont été marqués avec un collier et 115 jeunes marqués avec des web-tags à l’éclosion ont été recapturés.
Le rapport jeunes:adultes dans nos captures était de 1.11 (chiffre préliminaire), soit nettement mieux que l’année passée (0.92). Ce rapport jeunes:adultes permet de prédire un pourcentage de jeunes pour cet automne de 25%, ce qui serait légèrement au-dessus de la moyenne à long-terme (22%) et plus élevé que l’an passé (12%). Les conditions climatiques au printemps et en début d’été étaient assez similaires à l’année précédente à l’Île Bylot et près des normales mais la grande différence est que le taux de prédation sur les nids a été faible cette année. Les lemmings étaient très bas pour une deuxième année consécutive et il semble que l’abondance des renards, principal prédateur des oies, a chuté cette année, probablement suite à une mortalité élevée durant l’hiver dû au manque de lemmings.
Une mise en garde toutefois s’impose car les informations que nous avons eu pour des sites encore plus au nord suggèrent que les conditions y ont été nettement moins favorables qu’à l’Île Bylot cette année. Le printemps en particulier a été très froid et en retard aux latitudes plus élevées que l’Île Bylot et des personnes ont rapporté beaucoup d’oiseaux non-nicheurs, dont des oies. Je suspecte donc que nos chiffres ne soient pas entièrement représentatifs des conditions de reproduction rencontrées par les oies des neiges à travers tout l’Arctique cette année et qu’en conséquence le pourcentage de jeunes à l’automne soit plus bas que la prédiction faite à partir des données de l’Île Bylot.
En résumé, je m’attends à une production de jeunes près de la moyenne ou un peu en dessous, mais plus élevée que l’année dernière. On saura dans quelques semaines si cette prédiction est exacte!
Gilles Gauthier
Département de biologie & Centre d'études nordiques
Université Laval