Ce matin, ça faisait un sacré bout de temps que j'avais pas été taquiner les moineaux sur le bord du fleuve. Des obligations de toutes sortes m'ont tenues loin de mes petits canards adorés. Faut dire que la température a passablement baissée ces derniers jours et qu'il vente sans bon sens depuis un "torrieux d'boutte". Je sais même pas de quoi ça retourne encore. Y-a-t-il encore du canard ou non? À 6:30, réveille mon gars, prépare à déjeuner, vas porter le kid à l'école et ensuite, petite tournée dans les environs pour voir s'il y a encore un peu d'oiseaux sur le fleuve.
Pas besoin de faire 1/2 heure de voiture que je suis convaincu qu'en m'installant sur les cailles dans la derniere heure du baissant et au moins pour les deux premières heures du montant, ça pourrait être intéressant. Retour à la maison, rapaille le stock au complet dans le truck. Waders, fusil, balles, call, linge chaud (parce que ça pioche pas pire sur le fleuve) et quelques decoys. Comme le froid vas sûrement me faire souffrir un peu, j'ai diminué le stock. Mes six femelles et juste deux drakes plutôt que la douzaine de decoys habituelle. Il vente à au moins 60 km/h et le thermomètre à la maison indique -8 Celsius. Je mets-tu les waders tout de suite ou je fais mon strip tease habituel sur le bord de la 132.... Bah! j'ai du temps en surplus avant la fin du baissant, STRIP TEASE sur la 132!
Arriver là!!!! Bordel qui fait frette. Pas frais, pas froid.... FRETTE. Les jeans aux chevilles, les snelles aux vents, c'est pas trop long que les automobilistes se posent des questions quand ils passent à côté de moi. Ma petite marche pour me rendre jusqu'à mon spot sur les cailles me convainc que je resterai probablement pas longtemps à la chasse aujourd'hui. Je lève une vingtaine de noirs en me rendant. Arrivé sur place, la marée est tellement basse qu'il est impossible d'avoir des appelants à l'eau sans être obligé de nager pour les récupérer après la chasse. En plus, l'eau "drop" très vite dans ce secteur, ce qui fait que je serai peut-être obligé de laisser les decoys là quand la marée aura montée de deux pieds. "Exit" l'idée des decoys. Je les laisses dans leur sac de transport kaki que je cache entre deux grosses roches. Je fais ensuite la même chose avec moi-même.
Pas vingt minutes de passés que voilà une dizaine de noirs qui s'approchent au loin. Je me rentre la tête entre les épaules, je me cale entre les roches et je ne les quittent pas des yeux. Arrivés à environ 500', ils détalent vers le larges. Bon! pas assez discrets le bonhommes. 5 minutes plus tard, 3 bec-scies passent un peu trop loin au large. Le vent a encore augmenté d'intensité et en plus, la neige vient de se mettre de la partie. 10 minutes plus tard, c'est deux noirs qui m'arrivent dans le dos sans que je les voient arriver. Je trouve le vent fort, mais eux ils l'ont dans le cul et doivent avoir mauvaise haleine tellement ça arrache! J'ai jamais vu deux noirs volé à cette vitesse là. Quand j'essaie de regarder du côté où ils sont arrivés, SPLASH! Une bonne douche d'eau salée! Fucking shit! Pas sûr m'a resté longtemps! Pas sûr m'en vas pas toute allé serré ça pour l'hiver! 5 minutes plus tard, voilà encore cinq noirs qui arrivent a vitesse grand V. Comme les autres avant ont fait, ils déguerpissent vers le large avant d'arrivé à ma pointe. Seulement, ceux-là vont un peu moins loin et le dernier du groupe me paraît assez près pour le récolter. Effectivement, il fait un crochet et commence à se rapprocher de moi. J'épaule, je le suis, le croise, le dépace comme à l'habitude...POW! Il continue comme si rien ne c'était passé! J'ai passé l'automne à faire mes chasses comme ça, et celui là ne sait pas qu'il faut qu'il tombe!!!!
Après avoir tiré mon premier coup de feu dans le vent (c'est le cas de la dire), les "bunchs" de canard de toutes les petites baies se vident. Ça tourne à plein ciel un peu partout. Ça part à droite, ça part à gauche et dans le lot, quelques spécimens se regroupent pour venir me passer au dessus de la tête. Quand vient le moment de faire feu, épaule, suit, dépasse, POW! Cib... Cal... Os... Comment ça se fait que ces canards-là savent pas qu'il faut tomber après que je leur ait tirés dessus? Les oiseaux continuent de passés et les quelques tirs qui suivent se ressemble tous.
Pendant un moment d'accalmie, j'essaie de me resaisir. Il faut qu'il y ait une explications logique pour que chaque coup de feu soit aussi nul! C'est vrai qu'il y a le facteur vent, mais j'ai appris à chasser le canard et fait du pigeon d'argile en gaspésie. Le vent, le monsieur y commence à connaître ça! La mire au bout du fusil est encore là, c'est pas ça le problème! J'ai du linge un peu plus qu'à l'habitude mais je suis quand même très à l'aise pour épauler. Je crois pas que c'est ça.
La réponse à mes interrogations m'est venue grâce à un phénomène tout ce qu'il y a de plus naturel. Les deux cafés que j'avais dégusté en préparant mon fils et par la suite mon stock ont finit par faire leur chemin. Après une bonne heure le cul assis sur une roche qui commence à geler, les deux pieds dans l'eau (qui ne gèle pas juste parce qu'elle est salée), la vessie finie par avoir envie de rendre l'âme. Comme il fait FRETTE en géritol, je me dis que je vais attendre jusqu'au point d'avoir envie d'exploser et utiliser la technique du "quick shit" ou "quick pee" dans mon cas. Pas question d'avoir l'attribut au vent pendant quatre à cinq minutes juste parce que le café a envie de rester au chaud. Quand je commence à voir jaune au large, enlève le manteau, défait les bretelles des waders, commence à descendre ça. Ça descend jamais aussi bien qu'on le souhaiterais quand le tuyau n'en peu plus de retenir la pression. J'ai l'impression de retomber en enfance quand on sautillait devant la toilette parce que papa avait pas arrêté tout de suite l'auto et que maman avait eu l'infini bonté d'acheter une salopette pour habiller son petit gars.
Ça y est! J'ai finalement la boursaille au vent... Quel vent!!!! Quel FRETTE! Maudits cafés gêné... Envoye dehors... Ouste... Fais quelque chose bâtard!!! Ce qui urgeait tantôt est maintenant "stucked" dans mon canon! Mon canon.... stuck au FRETTE... non mais attends donc un peu.... Ça s'peux-tu que????? Pendant que je m'éclaircie les idées, je comprend soudainement quelque chose de primordiale. Laissez-moi remonter mes culottes pis me rhabiller avant de vous expliquer!
Ça s'peux-tu qu'à -10 Celsius avec des vents d'environ 80 km/h, la petite explosion qui survient dans le canon de mon fusil soit aussi rapide à se produire que l'expulsion de mes deux cafés?
Probable mon grand!
Ça s'peux-tu que t'ai tiré en arrière de tous ceux que t'as visé?
Probable mon grand!
Ça s'peux-tu qu'en ajustant mon avance grandement je réussise mieux?
Probable mon grand!
Ça s'peux-tu que les prochains canards qui s'en viennent au loin soit les prochains "crash test dummies" pour ta théorie?
Probable mon grand!
Ça s'peux-tu que quand je suis le canard qui s'approche, je me rappelle à l'ordre pour donner une plus grande avance?
Probable mon grand!
Ça s'peux-tu que quand ça fait POW, le noir dans les airs y casse de l'aile?
Probable mon grand!
Ça s'peux-tu que j'ai abattu un noir pour de vrai?
PROBABLE MON GRAND!!!!
Le noir en question est tombé un peu au large, mais je ne l'ai pas perdus de vue. Il a continuer à nager pendant environ une minute avant de rendre l'âme une fois pour toute. Quand ça arrive, la marée montante me pousse normalement les oiseaux dans un délai plus ou moins raisonnable. J'arrête ma chasse tant et aussi longtemps que l'oiseau n'as pas regagné le bord et que je ne lui ait pas mis la main dessus. J'ai déjà attendu 1 1/2 heure avant de mettre la main sur un noir pendant que d'autres venaient me narguer. Je me fais un devoir de récupérer mes canards sans pour autant mettre ma vie en danger, mais en nageant dans l'eau froide à l'occasion. Ai-je besoin de vous dire que j'ai hâte de pouvoir avoir un chien??? Aujourd'hui par contre ma chasse n'a été arrêté que 5 courtes minutes. La forte marée et les vagues de 5 pieds ont tôt fait de repousser cette pauvre carcasse dans les mains d'un homme bienveillant, moi-même!
Le choc de mon succès passé, c'est drôle, il commençait à faire moins FRETTE, plus froid. J'ai vu quelques garrots passer, mais ils étaient trop hauts et trop vites à mon goût. Plusieurs noirs ont suivis et ont eux aussi passé trop loin pour que je les essayent. Même si la marée coopère bien comme retriever aujourd'hui, je ne suis pas chaud à l'idée de tirer un canard qui ira vraisemblablement tomber au large. Une heure plus tard, après avoir vu une bonne centaine d'oiseaux me passer au-dessus de la tête, d'avoir appris une bonne leçon de balistique hivernale et récolté un noir qui fera dans les jours qui suivent le délice des palais à la maison, il est temps de remballer le stock. Je ramasse le sac de decoys, décharge le fusil et me dirige vers mon truck.
Arrivé à la maison, je vide le truck, rentre le stock au chaud pour tout nettoyer ça. Sort un plat, le couteau et apprête le canard dehors pour faire moins de "mess" dans la maison. Le voisin arrive de travailler quand j'en suis à vider le canard. Il me regarde et m'affirme que je suis un peu cinglé d'aller jouer au fleuve par pareille température. J'acquiesce à son affirmation en lui rappellant que quand il désire manger du canard sauvage, il ne connait qu'une seule porte où aller frapper pour l'instant. Et vlan! dans les dents! Après avoir tout nettoyé le canards, rangé ça dans le frigo, c'est maintenant le temps du matériel. Après une pareille chasse, nettoyage en profondeur du 870 Express, rincage des waders et des bottes pour enlever l'eau salée qui s'incruste partout. Douche chaude pour le bonhomme et remisage du stock. Remisage pour l'hiver??? Pantoute!!! Tout est près et demain si la tempête annoncée arrive bel et bien mercredi, j'irai tout resalir ça dans la joie!!!
Accroc, malade mentale, cinglé, tête brÛlée direz-vous?
PROBABLE MON GRAND!!!!! PS Excusez-moi pour ne pas avoir de photos mais les doigts gelés, les pieds gelés, et la boursaille au vent, j'avais d'autres priorités